L'origine de mes TOCS :
Tout à commencé pendant mon adolescence, malheureusement, j’ai été témoin d’une relation parentale conflictuelle à la maison. Je suis parti de chez moi a 17 ans et je suis tombé dans les stupéfiants. J’ai fait une 1ère crise d’angoisse sous ecstasy, et à partir de là les TOC ont commencé.
Je ne savais pas que c’étaient des TOC, parce qu’il y a un vrai problème de psycho-éducation et on a parfois du mal à diagnostiquer et mettre des mots sur des pathologies. Plus globalement, la santé mentale est un sujet tabou et épineux en France.
C’est très compliqué de trouver le bon thérapeute, d’avoir un diagnostic… Il ma fallu plus de 10 ans pour qu’on me diagnostique les TOC. Les gens imaginent qu’un TOC, c’est de se laver les mains 15 fois par jour. Même les thérapeutes ne sont pas tous formés à ça.
La thérapie comportementale et cognitive (TCC) :
Ça a commencé avec ce qu’on appelle des associations d’idées : ‘Ok, j’arrête la drogue. Et puis l’alcool. Et puis le jus d’orange, parce que c’est des vitamines et un excitant. Puis les légumes verts…’ Et puis je me suis retrouvé à ne plus manger aucun fruits et légumes pendant 10 ans de ma vie.
Forcément, c’est handicapant. Très handicapant… Tous les soirs pendant 10 ans, le menu c’était pomme de terre Findus, crème Yoplait et steaks Charal. Forcément, tu vas pas aux dîners entre amis, tu vas pas au resto… Ensuite, les TOC mentaux ont commencé. Avant de mettre ma chaussette fallait que je compte, pareil avant de monter dans ma voiture, pareil avant de prendre ma fourchette…
S’en est suivi des phobies d’impulsion : ‘si je sors a un chiffre impair, ce soir je vais avoir envie de me suicider’. Des fois je restais devant chez moi jusqu’à un chiffre pair pour rentrer. Donc ma vie était très compliquée. Bref, ses TOC m’empêchaient de vivre une vie sociale épanouie, et ça me faisait vivre un enfer.
Après avoir essayé plusieurs thérapies différentes, je finis par me lancer dans une thérapie comportementale et cognitive (TCC). Pendant 2 ans et demi, je me suis investi dans ma thérapie et mis en place plein d’exercices d’exposition, de manière méthodique et graduelle. Ces exercices d’exposition consistent à me mettre face aux situations qui me provoquent des TOC, de l’anxiété.
La peur d'avoir envie de faire du mal à mon fils :
À l’époque, avant la naissance de mon premier enfant, les TOC ne me concernaient que moi. Mais les choses se sont compliquées avec l’arrivée de mon premier petit garçon. Au lieu d’avoir peur de me faire du mal à moi, j’ai eu peur d’avoir envie de lui faire du mal à lui. Dans les 2 premiers années de sa vie, j’étais incapable de rester deux minutes tout seul avec lui.
J’acceptais que ma compagne descende récupérer le courrier, mais c’était le grand max. C’était très compliqué d’expliquer à ma compagne que je ne peux pas rester avec lui parce que j’ai peur de lui faire du mal. Je n’ai pas profité de mon petit garçon pendant les 2 premières années.
Cette situation m’a fait office d’électro-choc. Je me suis dit là, ça commence a être compliqué… Je l’aime pas, je suis un mauvais papa ? Il fallait vraiment faire quelque chose. Les exercices d’exposition, dans le cadre de sa TCC, ont évolué. Au début, il devait aller dans un magasin (ce qui est une situation anxiogène pour lui) pendant plus de 3 minutes.
Désormais, l’exercice, c’était de « rester deux minutes tout seul avec mon garçon le temps que ma compagne aille chercher du pain. Puis, 5, puis 10… » Et de fil en aiguille, 80% de la part de mes TOCS ont disparu, en un peu plus de 2 ans de thérapie.